Bonjour O. Fillod,
Ce passage est très intéressant:
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Ca va peut-être vous sembler bizarre ce que je dis, mais votre argumentation n’est pas valable envers moi du moment que je dissocie a) une hypothétique sexuation prénatale du cerveau, dissocié de b) les conséquences hypothétiques portant sur une divergence H/F dans les comportements. C-à-dire que même si a) était avéré, b) ne le serait pas pour autant. Le point b étant le problème le plus épineux à mes yeux, le plus lourd de conséquences, portant sur des déterminismes biologiques sexuels chez l’humain (**). Voilà pourquoi plaider l’absence du point b) dans votre réponse n’est pas pertinent à mes yeux pour démontrer l’absence de a).
Votre réponse est certainement valable et convaincante pour d’autres, ceux pour qui une sexuation physiologique prénatale du cerveau devrait obligatoirement impliquer des différences comportementales. Mais ce n’est pas mon cas.
En métaphore: je ne pense pas que les humains copulent tous pour se reproduire, mais je pense tout bêtement que ces copulations aboutissent en rejetons. C’est une métaphore indirecte, je le précise, pour rappeler que certaines espèces ont depuis longtemps quitté les utilités proximales et distales ancestrales de leurs comportements, tout en conservant par5 d’autres enjeux les mêmes facultés (à se reproduire ici). Bref, vous « prêchez à un convaincu » sur le point b, et en lisant vos différentes critiques du point a, ailleurs et ici (une de vos conférences) vous m’avez aussi convaincu que la sexuation prénatale de l’humain était un terrain miné de preuves peu solides.
Je ne sais pas ce qu’est une « psychologie » dite « féminine », je vous le dis en toute sincérité. Je peux bien comprendre que vous vous référez (je suppose ?) à des femmes à psychologie comme tout un chacun, mais votre phrasé ici je ne m’y reconnais pas. Comme je vous l’ai signalé, je dissocie une possible (possible, mais je n’affirme rien ici, si ce n’est possible) sexuation prénatale de, disons la « cage céphalique et partie de son contenu » d’une ultérieure conséquence, portant sur une sexuation et divergence des comportements H/F.
Je ne crois pas qu’il y ait à l’heure actuelle d’éléments clairs de comportements sexuellement déterminés chez l’humain, hormis ceux directement liés aux différences morphologiques (mouvement de va-t-vient pour le coït, règles, etc.) et de même pour cette sexuation prénatale du cerveau, dont les éléments pour l’humain, si j’en crois vos nombreuses critiques, ne sont pas bien robustes. Soit, vous m’avez convaincu.
Néanmoins, je laisse les écoutilles ouvertes pour le premier car il me semble que des indices, bien que très discutables et démontés par vos soins, se dégagent un peu, un tout petit peu, hein, un chouilla disons. Qui n’est peut-être rien, mais pour autant, si un jour cette sexuation prénatale du cerveau est démontrée, en déduire des différenciations dans les comportements est une autre affaire, à laquelle mon esprit résistera et demandera de très sérieux éléments.
Notre neutralité intellectuelle est un peu mythique, mais les efforts que l’on engage pour s’en approcher sont réels: les idées contraignant le plus ma « mentalité » actuelle, très résistante aux simplistes affirmations sur les déterminismes biologiques de notre comportement, auront plus de peine que d’autres à me convaincre et nécessiteront de plus solides arguments.
Mais pour autant, qu’une certaine sexuation prénatale, vestigiale, minime, peu importe, puisse avoir lieu chez l’humain, – même si d’après vous on n’en a pas de preuves tangibles – je n’y opposerais pas une si forte résistance a priori.
Bref, l’enjeu ici (*) ne me semble même pas être de s’approcher de « la vérité objective » mais bien plus de convaincre ou ne pas convaincre. C’est un peu malheureux, mais c’est ainsi il me semble : les défenseurs de la sexuation prénatale, en avançant des raisonnements et éléments simplistes qui les ont convaincus, eux, ont aussi un plus grand pouvoir de conviction que les (hyper)critiques sophistiquées, de longue haleine. Même si dans un monde de justice il devrait en être autrement. Nous ne sommes sans doute pas dans un monde de justice.
(**) évidemment, si un jour est démontré que les gar4ons aiment le foot car c’est leur biologie qui l’impose, je me plierai à la bourrasque de preuves solides… je me réconforterai en demandant au ciel pourquoi moi je déteste le foot.